dimanche 7 mars 2010

Remerciements...

A mes collègues qui m'ont laissée partir, à ma famille et à mes amis qui me soutiennent dans toutes mes aventures,

A mes équipiers, grâce à qui nous avons fait un super boulot dans une excellente ambiance,
A Heliette pour ces magnifiques photos en noir & blanc,

A ''mes filles'' du checking et à tous nos workers, à leur courage et leur volonté sans lesquels nous n'aurions rien pu faire.

A la population de Léogane, qui nous a accueillis dans leur misère avec bienveillance et dignité.

A eux aussi, et à tous les autres...

La vie d'une équipe ERU relief: la logistique

Entre le ticketing et la distribution, la partie immergée de l'iceberg qui reste le rouage principal est comme toujours la Logistique. Une fois qu'il a été évalué le nombre de familles par zone et la date à laquelle se fera la distribution, il faut faire la requisition des besoins à l'équipe logistique. Celle-ci étant basée à Port au Prince, le contact se faisait par téléphone (et internet par la suite). Du coup, la distance, les barrières de langue et de méthodes de travail ont souvent généré des buggs et de longues dizaines de minutes quotidiennes téléphone à l'oreille pour déméler les couacs.

Une fois qu'à chaque bout de la chaine on s'est à peu près compris et mis d'accord sur le quoi? quand? où? , il reste à réceptionner les camions (quand ils sont en retard, on s'inquiète vite de savoir s'ils n'ont pas été détournés), vérifier si les scellés sont toujours en place, charger, décharger, compter ce qui reste...
pour que tout soit prêt le moment venu...
Puis faire le point, les rapports d'activités, la comptabilité... tout ce que personne ne veut jamais faire, qu'on ne remarque jamais sauf quand ça ne fonctionne pas bien, mais qui reste indispensable...
Je défends la Log, oui et alors... il faut bien que quelqu'un en fasse un peu l'éloge, non?
;-)

samedi 27 février 2010

La vie d'une équipe ERU relief: la distrib

Vers 7h, les seconds à partir le matin, après l’équipe du ticketing, sont le responsable de la distrib avec le chef des workers. Ils ont déjà choisi l’emplacement la veille avec le comité local, décidé du meilleur chemin à prendre pour éviter d’empetrer les camions, vu comment organiser leur stationnement, la mise en place des barrières de sécurité, et tout ce qui pourrait faire que ca se passe au mieux.

... 7h30, j’attends les chauffeurs de camions qui nous ont confié leur chargement la veille et qui sont rentrés chez eux à PaP. Pas facile de les avoir à l’heure, mais après les avoir sermonés plusieurs fois, les derniers recalcitrant ont reglé leur montre !


Nous organisons le convoi en fonction des contenus afin que les beneficiaires recoivent le plus lourd à la fin, mais c’est pas toujours évident.


Sur le chemin, il arrive toujours une galère : un essieu qui lache, un camion qui s’ensable, qui reste coincé dans un passage délicat, ou qui manque de se renverser et d’écraser 4 personnes. Alors faut remorquer, desensabler, aplanir le terrain, prier pour qu’enfin on arrive.

Reste ensuite à reussir à expliquer aux chauffeurs comment nous voulons qu’ils se garent et qu’ils n’en fassent pas qu’à leur tete. Qu’ils arrivent à franchir le portail s’il y a, sans défoncer les montants … (cette fois là ca a pris presque une heure, une grille arrachée et un montant défoncé... alors on attend, parfois dépités...)

bref, normalement vers 8h30, si c’est pas 9h, on est prêt à commencer.


Les gens sont là brandissant leur ticket. Ils attendent depuis des heures, parfois depuis le milieu de la nuit, ‘’une file garcons, une file filles’’, ils rentrent 5 par 5, ‘’5 filles, 5 garcons’’, n’arrete-t-on pas de repeter.

Avec ‘’mes filles’’ on check le registre en fonction des numéros, on depiste les faux tickets, on vient au secours des mamies qui se sont fait voler le leur, on refoule les resquilleurs… bref, on fait genre ‘’si t’as des baskets tu rentres pas !’’ en tout cas si ‘’t’as pas le bon ticket, pas kamper là ! Retourne à kay you !

Après ce check point implacable, la file se reforme aux culs des camions

ou les attendent nos workers qui donnent 2 baches, 2 couvertures, un kit hygiene, un kitchen set,

et selon les jours un seau, une corde, 2 jerrycans, 2 tapis de sol… c’est jamais très pratique à transporter, ca doit faire dans les 10-12 kg…

Mais il y a toujours un moyen de s'organiser pour tout porter.

.

Généralement ca se passe bien. On est très rarement détendus car il faut etre tres vigilants à ceux qui enjambent les barrières, ceux qui essaient de dépouiller les petites vieilles à la sortie, ou aux mouvements de foule qui deviennent parfois incontrolables.

Mais dans les parages il y a toujours la Minusta des UN qui guete.. au cas ou !


jeudi 25 février 2010

La vie d’une équipe ERU relief : le ticketing

Vers 6h, les premiers à partir sont l’équipe de distribution des tickets : ils vont dans les camps déjà repérés, soient parce qu’on les a vus pousser comme des champignons, soit parce qu’ils nous ont été indiqués par un comité local venu déposer un dossier directement à la porte de notre camp (on en re¢oit une bonne dizaine par jour).

Les 8 volontaires se divisent le secteur et le parcourent en binome. Selon les critères définis, ils distribuent les tickets à ceux qui y ont droit : les familles avec enfants, les personnes agées ou handicapées. Autant dire que c’est parfois assez chaud, surtout quand les gens commencent à tricher, ou a comprendre qu’il n’y en aura pas assez pour tout le monde justement à cause des tricheurs. La triche, c’est avant tout une manière de relancer le commerce. Un ticket se vend 1500 gourdes alors que, à titre d'exemple, nos workers sont payés 250 gourdes la journée.


Du coup, certains vont meme jusqu’à attendre la sortie de l’équipe du camp de base, pour les suivre en moto et découvrir le lieu de distribution secret jusqu’à la derniere minute. Ensuite ceux-la ou d’autres se trouvent un petit coin au milieu du site et se construisent à la hate, sous nos yeux parfois, un abri avec 4 branches et 3 feuilles de bananier, soutenant que oui, oui ils habitent cette kay!!!!! Ou bien certains osent dire que si, si ils habitent là à 3 ou 4 familles alors que l’espace fait moins de 5m2.


Il y a meme une fois, un papi à moitié infirme qui s’est fait accompagner d’un membre du comité pour justifier sa demande de ticket bien qu’il vive seul. Notre délégué n’a pas pu dire non, mais, méfiant, a vite fait le tour du camp pour revenir par une autre allée surprendre le papi qui dansait la gigue tout content brandissant son coupon. Bien sur notre délégué lui a rerpis son ticket mais pour un attrapé, combien ont reussi à gruger ; car malgré tout, ces tickets donnés en plusieurs exemplaires à une meme famille ou à ceux qui ne le méritaient pas, finissent par manquer à ceux qui en ont réellement besoin… Mais comment distinguer le vrai du faux ?

Nos volontaires en pleine action...

Marquage des abris déjà enregistré, au spray.

mercredi 24 février 2010

Etat d'urgence.

Mercredi 17 fevrier :


La pluie a demarré vers 19h. L’orage tropical, on le sent venir, le vent se leve, et puis ca tombe à grosses gouttes, la terre trop seche ne peut absorber telle quantite d’eau qui tombe d’un coup, les arbres en perdent meme leur mangues, tous aux abris… oui mais il y en a encore beaucoup trop qui n’ont pas d’abris et dès l’orage passé, on a entendu les gens chanter dans la rue. Surement pour se donner du courage pour affronter cette nuit qui se preparait à etre blanche. Comme la veille un de nos camions avait défoncé la grille d’entrée du camp, il n’y avait qu’un filet orange pour faire office de portail. Du coup, tout le monde passant devant pouvait voir notre stock, et nos colocataires espagnols ont eu un peu peur et on voulu qu’on renforce la securite du camp.





la vie des camps



Hier lundi 22, nous avons du fuir le site de distribution car la population se montrait trop poussive, et que le comite de gestion du camp ne gerait plus rien. Apres avoir constate plusieurs passage en force de resquilleurs par-dessus nos cordes et filets de securite, le bruit que certains etaient armes a fait monte la pression. Quand on sait que les prisons, comme tout le reste, ont été reduites en pancake, et que du coup environ 150 classés dangereux se promenent dans les champs de canne des environs, on comprend mieux pourquoi notre staff local a vite commence à paniquer.


Il reste quand meme que les ‘’Blancs’’ comme on nous appelle, ne craignons pas grand-chose, car la population sait qu’elle n’a pas vraiment le choix, que ce soit a court ou long terme, il faut qu’elle nous menage : comment pourrait elle vivre sans l’aide humanitaire ?


Nous avons joué entre grosse voix et raisonnement ‘’c’est pas la peine de pousser, vous avez trois minutes pour refaire les lignes, une file hommes, une file femmes, sinon de toute facon on ferme les camions et vous n’aurez rien’’. Cela nous a laisse le temps de remettre baches, couvertures, kit hygiene, kitchen set, autres items et volontaires a l’abris dans les camions, de monter calmement dans les 4x4 et de rentrer. Pas de bol, le site est à quelques minutes du camp. La foule nous a suivi et s’est massée devant notre impressionnant filet orange, réclamant les items pour lesquels ils avaient déjà fait plusieurs heures de queue. Après encore un mix entre grosse voix et raisonnement, ajoutés à la quelques soldats canadiens appelés en renfort, le calme est vite revenu.


Alors que nous étions plutôt contents de l’issue de cette crise, nos espagnols ont vu leur niveau d’angoisse monter de plusieurs crans. Il a fallu monter une cellule de crise pour décider après accusation (‘’mais oui, mea culpa, c’est notre faute’’) comment securiser davantage notre espace vie. Hier soir c’était veillée remontage de portail à la lampe torche et ce matin opération fils barbelés. On en est meme reduit à dormir la lumière allumée avec le ronron des groupes électrogènes qui fonctionnent maintenant en H24!

Remontage du portail

exemple de maison pancake

lundi 22 février 2010

La terre bouge...

Mardi 16 fevrier :

Cette nuit la terre a encore tremble, pas fort, mais un peu plus que d’habitude quand meme, juste assez pour secouer le lit de camp et reveiller tout le monde. Les repliques sont assez frequentes mais assez legeres, des vibrations comme celles du metro parisien.


Dimanche 21 fevrier :

4h32, cette nuit la terre a tremble bien plus fort et plus longtemps que les fois precedentes, nous surprenant encore en plein sommeil. Cette fois, precedé par un bruit sourd, la sensation du sol qui bouge est vraiment particuliere, le lit semble flotter, mis en mouvement par des vibrations souterraines, desequilibre qui perturbe l’ordre des choses. Et la sensation reste un moment apres, le cerveau sachant pas bien comment analyser ces mouvements et pertes de stabilite.


Quelques vues de Leogane



On ne sait plus vraiment ou se poser.
La vie continue malgre tout...

 
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